Pour ce qui est de l'immigration, j'en aurais long à écrire... Je pense qu'il faut distinguer la libre circulation des personnes, un principe qui me semble fondamental, et l'immigrant comme figure symbolique, récupérée tantôt par le discours libéral, tantôt par le discours conservateur.
Le problème des libéraux c'est de prétendre donner dans le principe de libre circulation quand le Canada impose un système de sélection drastique qui écrème, n'accueille que les élites des pays en développement, pour ensuite les humilier plus souvent qu'autrement. Facile ensuite de blâmer l'immigrant pour la pénurie de logements, alors qu'on ne construit presque plus de logements sociaux depuis des décennies.
Les conservateurs, au Canada, n'ont pas une ligne très différente des libéraux pour l'instant, tout au plus insiste-t-on davantage sur la valeur économique de l'immigrant. C'est un peu différent au Québec où le modèle groulxiste de l'immigrant comme compétiteur dans le projet colonial est encore d'actualité.
Vous l'aurez compris avec les derniers textes, mais j'ai tendance à voir libéraux et conservateurs non pas comme des forces opposées dans notre société, mais plutôt comme deux participants d'un même rituel, selon une logique sacrificielle bien décrite par René Girard. Le libéral sanctifie l'immigrant pour que le conservateur le sacrifie. Le problème, avec ces figures symboliques, c'est qu'elles sont par essence déshumanisantes. Ce qui est d'autant plus inquiétant que la zone de turbulences dans laquelle nous sommes invite à une violence grandissante du mécanisme sacrificiel.
L'immigrant est un humain qui se déplace pour toutes sortes de raisons : rejoindre la famille, découvrir le monde, essayer autre chose, développer une carrière, fuir sa famille... Il n'y a pas selon moi à y avoir de "bonne" raison de bouger, et il faut essayer de détailler le phénomène dans sa complexité plutôt que de le traiter en bloc, justement pour éviter toue récupération. C'est pour cette raison que j'en ai autant contre la diversité de pacotille. Je ne crois pas en la "diversité" comme valeur en soi. Je pense qu'elle doit être habitée des forces historiques susceptibles de créer le commun. Je déteste qu'on instrumentalise le "Noir". Je veux le savoir Haïtien, Ivoirien ou Sherbrookois, qu'il ait une vie tangible, avec ce que cela implique de rapport à la culture, à l'Histoire et à la société. Pareillement, je pense que l'instrumentalisation de l'immigrant, même pour en faire une figure de "vivre-ensemble", ne pourra mener, à terme, qu'à sa persécution.
C'est mon côté Adrono/Horkeimer, mais je crains par dessus tout la réification. La pensée doit rester en mouvement, et les dernières années, avec le prêt-à-penser de la gauche brahmane, ont fait le lit du fascisme qui se lève. Il faut réapprendre à penser avant qu'il ne soit trop tard.
Bien vu, Père Duchesne !
Merci de dénoncer les si nombreuses absurdités qui parasitent notre quotidien Père Duchesne!!..
Pour ce qui est de l'immigration, j'en aurais long à écrire... Je pense qu'il faut distinguer la libre circulation des personnes, un principe qui me semble fondamental, et l'immigrant comme figure symbolique, récupérée tantôt par le discours libéral, tantôt par le discours conservateur.
Le problème des libéraux c'est de prétendre donner dans le principe de libre circulation quand le Canada impose un système de sélection drastique qui écrème, n'accueille que les élites des pays en développement, pour ensuite les humilier plus souvent qu'autrement. Facile ensuite de blâmer l'immigrant pour la pénurie de logements, alors qu'on ne construit presque plus de logements sociaux depuis des décennies.
Les conservateurs, au Canada, n'ont pas une ligne très différente des libéraux pour l'instant, tout au plus insiste-t-on davantage sur la valeur économique de l'immigrant. C'est un peu différent au Québec où le modèle groulxiste de l'immigrant comme compétiteur dans le projet colonial est encore d'actualité.
Vous l'aurez compris avec les derniers textes, mais j'ai tendance à voir libéraux et conservateurs non pas comme des forces opposées dans notre société, mais plutôt comme deux participants d'un même rituel, selon une logique sacrificielle bien décrite par René Girard. Le libéral sanctifie l'immigrant pour que le conservateur le sacrifie. Le problème, avec ces figures symboliques, c'est qu'elles sont par essence déshumanisantes. Ce qui est d'autant plus inquiétant que la zone de turbulences dans laquelle nous sommes invite à une violence grandissante du mécanisme sacrificiel.
L'immigrant est un humain qui se déplace pour toutes sortes de raisons : rejoindre la famille, découvrir le monde, essayer autre chose, développer une carrière, fuir sa famille... Il n'y a pas selon moi à y avoir de "bonne" raison de bouger, et il faut essayer de détailler le phénomène dans sa complexité plutôt que de le traiter en bloc, justement pour éviter toue récupération. C'est pour cette raison que j'en ai autant contre la diversité de pacotille. Je ne crois pas en la "diversité" comme valeur en soi. Je pense qu'elle doit être habitée des forces historiques susceptibles de créer le commun. Je déteste qu'on instrumentalise le "Noir". Je veux le savoir Haïtien, Ivoirien ou Sherbrookois, qu'il ait une vie tangible, avec ce que cela implique de rapport à la culture, à l'Histoire et à la société. Pareillement, je pense que l'instrumentalisation de l'immigrant, même pour en faire une figure de "vivre-ensemble", ne pourra mener, à terme, qu'à sa persécution.
C'est mon côté Adrono/Horkeimer, mais je crains par dessus tout la réification. La pensée doit rester en mouvement, et les dernières années, avec le prêt-à-penser de la gauche brahmane, ont fait le lit du fascisme qui se lève. Il faut réapprendre à penser avant qu'il ne soit trop tard.