Regarder la télé un 24 décembre au soir est une drôle d’activité, mais je n’ai pas le câble à la maison. Dans un temps mort d’une fête de famille, je l’ai donc allumée. C’était encore Mr. Bean qui préparait ses cadeaux. J’écris “encore” parce que ça devait être Mr. Bean qui jouait la dernière fois que je l’ai éteinte. Ils présentent le même épisode de Noël chaque année depuis 30 ans.
“Il a juste fait 15 épisodes dans toute sa carrière”, m’a expliqué mon beau-frère. “Ça se peut pas, il a fait des centaines de millions avec ça. C’est sûr qu’il en a fait plusieurs saisons”, que j’ai dit. J’ai googlé, Google a tranché : 15 épisodes. Y’en a qui savent quand s’arrêter. Après Mr. Bean, ils ont passé la messe.
Je pense n’avoir rien vu de plus déprimant que la Messe de Noël à la télé québécoise. Les choristes chantent mal, l’Église est aux trois quarts vide, la moyenne d’âge est de 80 ans, le prêtre est nul, c’est mal filmé… Rien n’est plus affligeant que la chute du christianisme. J’ai encore de la difficulté à comprendre comment, en l’espace de quelques décennies, ils sont parvenus à ruiner parfaitement deux millénaires de culture chrétienne.
Chapelet
Je me souviens, durant la COVID, qu’il y avait une patiente en train de mourir au CHSLD où j’étais volontaire. Sa famille nous avait bien dit qu’elle était catholique et qu’elle devait en tout temps garder son chapelet auprès d’elle.
J’ai encore mon carnet de notes de la formation que j’ai eue quand je suis devenu Aide de service au plus fort de la pandémie. La formation durait un avant-midi, et était constituée de vidéos YouTube sur comment se laver les mains et mettre un ÉPI. Il y avait aussi un atelier sur le “cercle de la bienveillance”. Je ne me souviens plus ce qu’il y avait dans le cercle, mais en grosses lettres j’avais noté “Respecter les croyances des patients”.
Il se passe des choses étranges dans des moments de catastrophe comme ceux-là. Tout le monde mourait à droite à gauche, les employées tombaient une après l’autre, mais le chapelet de la patiente était devenu une sorte de cause commune à laquelle on tenait par-dessus tout. À travers la mort, l’abandon, la peur et la catastrophe, cet objet était ce qui restait de la dignité humaine. Peu importe la journée d’apocalypse qu’on pouvait avoir, quelqu’un s’assurait que le chapelet soit dans ses mains. L’hôpital aurait pu prendre feu, couler ou s’effondrer qu’on l’aurait mis pareil dans ses mains.
Un soir, j’ai voulu pousser un peu plus loin et j’ai carrément appelé le prêtre une fois rentré à la maison pour qu’il vienne faire son tour le lendemain. Une autre patiente était repartie dans un sac de la morgue ce jour-là, et je devais bien avoir bu dix-huit bières quand j’ai eu cette “bonne idée”. Reste que la réponse du prêtre est ce qui était le plus ridicule dans cette histoire. “Écoutez jeune homme, j’ai plus de soixante-dix ans”, qu’il m’avait répondu. Je ne sais pas ce que je m’imaginais, mais ça m’avait surpris qu’il ose se défiler.
Traduction
Si je regarde la télé le 24, c’est que je tiens à garder la tradition vivante. Je couche ma fille après le repas, et on ouvre les cadeaux après minuit. Quand ma grand-mère était encore en vie, il y avait la Messe de Minuit entre les deux. Maintenant que cette génération s’est éteinte, personne dans la famille ne va à la messe, évidemment. Nous tenons quand même à respecter l’horaire. Le rituel est ce qui sépare l’être humain des simples bêtes.
Aux nouvelles, on nous dit qu’à Bethléem l’Église de la Nativité est vide pour le réveillon. Les images sont sinistres. À Khan Younès, les troupes israéliennes poussent encore plus loin leur invasion de la Bande de Gaza.
Je suis tombé récemment dans la nouvelle traduction des Évangiles par Frédéric Boyer. C’est une traduction littéraire plus que religieuse, qui fait suite à son travail sur la Bible. Le récit de la Nativité, qui apparaît dans les Évangiles de Matthieu et de Luc, est raconté de manière contradictoire dans les deux textes. Dans l’Évangile selon Matthieu, Joseph et Marie sont à Bethléem, et doivent fuir en Égypte pour éviter la répression d’Hérode. C’est dans cet Évangile qu’apparaissent les trois magiciens qu’on appelle souvent les Rois Mages. Dans l’Évangile selon Luc, Joseph et Marie doivent se rendre à Bethléem pour le recensement de César Auguste. Il n’y a pas de Rois Mages, pas de répression par Hérode, mais des bergers viennent voir l’Enfant Jésus, qui naît cette fois-ci dans une étable.
On dit des trois premiers Évangiles qu’ils sont “synoptiques” : syn- comme dans “ensemble”, optique comme dans “regarder”. C’est une manière de dire que, si on les regardait côte à côte, on y retrouverait plusieurs recoupements. Regarder les deux versions de manière synoptique permet de comprendre la chaîne qui sépare ces textes de la vie de Jésus. L’Évangile de Matthieu, par exemple, est écrit dans les années 70, soit 40 ans après les événements. Le texte s’adresse en premier lieu à la communauté juive après la destruction du Second Temple, d’où sa teneur plus politique. L’Évangile selon Luc, lui, est rédigé un peu plus tard, et se base aussi sur des éléments de Marc. Il aurait probablement été écrit dans une communauté chrétienne de Syrie, selon la légende par un médecin proche de Saint Paul, mais plus probablement par un collectif de Judéens hellénisés.
Collectif
Ce que le travail de Boyer parvient à mettre en relief, c’est l’aspect collectif de la tradition évangélique. La vie de “rabbi Jésus” est déjà l’objet d’une longue tradition orale au moment d’être mise par écrit, et cette tradition va se poursuivre ensuite. Par exemple, les fameux astrologues ou magiciens qui visitent l’Enfant Jésus ne sont pas nommés dans le texte original. Si tout le monde sait que leurs noms sont Gaspard, Melchior et Balthazar, c’est par une tradition beaucoup plus tardive qu’on retrouve dans les écrits apocryphes des communautés chrétiennes syriaques. Il en va de même pour beaucoup de détails qui font aujourd’hui partie de ce récit.
Il n’y a que quelques lignes dans les Évangiles à propos de la vie du rabbin de Nazareth, entre sa naissance et son entrée au temple à 30 ans. Dans les évangiles de Marc et de Matthieu, par exemple, on apprend qu’il est le fils d’un tekton (τέκτων), un artisan. Oubliez l’image du “hippie” sur la route de Galilée qu’a essayé de nous vendre le cinéma des années 1970, rabbi Jésus est plus près de ce qui serait aujourd’hui un universitaire. C’est un spécialiste de la Torah qui parcourt la Palestine romaine, accomplissant ça et là quelques miracles. Les mages-guérisseurs n’étaient pas une chose rare à l’époque, mais la petite suite de Jésus de Nazareth a ceci de particulier qu’elle laisse une place aux non-juifs, un choix sans doute judicieux dans un Empire romain de plus en plus multiethnique.
Texas
Un ami m’envoie une vidéo d’un spectacle de Noël dans une méga-église du Texas. On y voit des joueurs de tambour portés dans le ciel par des câbles et des poulies, il y a des lumières partout, de la musique, des explosions. C’est souvent comme ça que les empires meurent : au milieu d’une comédie musicale dans une immense orgie pyrotechnique.
Un peu comme les étoiles deviennent des géantes rouges avant de s’éteindre, les empires gonflent et gonflent pour masquer leur impotence, la faille fondamentale de leur édifice.
Comment une secte juive du Levant réussit-elle, en l’espace de trois siècles, à conquérir l’Empire de Rome ? Les dieux païens vous offraient force et protection. Vous aviez Vénus pour l’amour, Mars pour la guerre, Minerve pour le savoir… Ces dieux n’étaient ni bons, ni méchants, mais ils avaient tout pouvoir sur les mortels.
Virgile, mort quelques années avant la naissance du Christ, commence son Énéide par cette fameuse ligne “Tantaene animis caelestibus irae” : pourquoi les dieux ont-ils tant de haine ? La colère divine est ce contre quoi s’exerçait la dignité humaine, c’est là d’où venait tout, nos failles comme notre héroïsme. Comment un Dieu d’Amour a-t-il pu supplanter les dieux païens et leurs saintes colères ?
Croix
C’est à partir du 3e siècle seulement que la croix devient le symbole des chrétiens. Pour les Romains, elle représentait l’infamie. Nul citoyen romain ne pouvant être condamné à la crucifixion, le châtiment était réservé aux traîtres et aux esclaves.
Au 3e siècle, être citoyen romain n’avait plus le même poids que sous la République. Il existait bien encore quelques grandes familles patriciennes, mais l’édit de Caracalla en 212 avait accordé la citoyenneté à tout homme libre de l’Empire. La chrétienté, elle, devint populaire chez les esclaves, comme l’avancerait plus tard Nietzsche, mais surtout dans les classes métissées d’artisans et de techniciens des villes qui possédaient ces esclaves.
Le 3e siècle est une période de troubles. La fin de la dynastie des Sévères est suivie de cinq décennies de guerres civiles, qui confirmeront le déclin de l’Empire d’Occident et la montée en puissance des Byzantins.
Sol Invictus
C’est à travers cette mutation progressive de la société romaine que la religion chrétienne prend son essor, comme une manière de raccrocher les faibles à quelque chose de plus grand que la tyrannie. Or, c’est une constante, les plus forts ont toujours besoin des plus faibles pour asseoir leur règne.
Les riches familles romaines ne suffisent pas à défendre l’Empire, tandis que la citoyenneté est ouverte à tous. Le christianisme se répand dans les rangs militaires, où s’intègrent des gens de toutes origines. C’est pour solidifier son règne que l’Empereur Constantin choisira de tolérer la religion de ses troupes. Il épouse d’abord une sorte de culte monothéiste intermédiaire du soleil : le culte de Sol Invictus, le Soleil Invaincu, dont la fête est le 25 décembre.
Cette fête deviendra Noël après que Constantin ait autorisé le christianisme comme religion de l’Empire. Le Premier concile de Nicée en 325 jette alors les bases d’une religion officielle. On condamne les enseignements d’Arius d’Alexandrie, on statue sur plusieurs éléments théologiques tels que la divinité de Jésus et les dates de Pâques… Ce qui, en Judée et en Galilée, est parti d’une tradition orale, devient progressivement une tradition écrite et canonique.
En 363, lors du concile de Laodicée, on reconnaît quatre Évangiles. Ces textes, avec les Actes des Apôtres, les Épîtres et une apocalypse, constituent progressivement ce que nous appelons le “Nouveau Testament”, ou plutôt la “Nouvelle Alliance”, comme le traduisait Boyer dans son projet de Bible.
Les temps sombres
J’écoute depuis quelques semaines le podcast The Dark Ages, par Herbert Bushman. On pourrait chipoter sur le travail de Bushman, mais son récit détaillé permet d’approfondir une période qui ressemble vite à un fouillis indéchiffrable quand on s’y arrête trop vite.
On y comprend, par exemple, à quel point le mot “barbare” est trompeur. Ceux que nous nommons barbares sont souvent des chrétiens latinisés, qui vivent dans un rapport de clientélisme avec l’Empire vacillant. C’est le cas, par exemple, des Vandales et de leur chef Ganséric Ier. Ces derniers sont des ariens, c’est-à-dire qu’ils suivent les enseignements d’Arius d’Alexandrie.
Les querelles théologiques de l’époque sont mystérieuses pour nos contemporains, mais l’arianisme se distingue du catholicisme à l’époque par quelques éléments de dogme, notamment l’idée que Jésus, en tant que Fils de Dieu, soit subordonné au Père plutôt que l’incarnation du Père.
Les Vandales s’unissent avec les Alains vers le début du 4e siècle, et quittent les régions d’Europe de l’Est qu’ils habitent, poussés par l’invasion des Huns d’Attila. Ils entament alors un long périple qui les amènera jusqu’en Espagne, puis vers l’Afrique par le détroit de Gibraltar. Vers le milieu du 5e siècle, ce peuple nomade contrôle la presque totalité de la Méditerranée occidentale. C’est durant cette conquête de l’Afrique du Nord que la route de Ganséric croise celle de Saint Augustin, évêque d’Hippone (aujourd’hui Annaba, en Algérie).
Effondrement
Quelques années plus tôt, l’évêque avait ouvert sa Cité de Dieu par une réflexion sur le sac de Rome. En 410, Alaric Ier et ses Wisigoths avaient pris résolution de marcher sur l’Italie pour régler leurs créances avec Rome et obtenir la cession d’un territoire qui correspond grosso modo à l’actuelle Autriche. Ce peuple errant cherchait, comme les Vandales, un lieu à l’abri des hordes de cavaliers d’Attila.
En 410, donc, Alaric met Rome à sac. Plusieurs voient dans cette chute une revanche des dieux anciens pour la montée du christianisme, mais Augustin y voit plutôt une épreuve divine pour tester la vertu des croyants.
Pour Frédéric Boyer, les Évangiles sont des textes de la crise. Ce terme grec, kairos, désigne le moment du choix. Pour les Judéens du premier siècle, la crise est celle de la domination romaine, de la répression et de la destruction du Second Temple. C’est à travers la diaspora que les enseignements de rabbi Jésus auront le plus de succès. Doit-on s’étonner que le moment du kairos romain corresponde aussi à l’exaltation religieuse ? Le christianisme n’est-il pas une promesse de délivrance ?
Boyer écrit à propos des évangiles :
Ces textes témoignent ainsi d’une étrange persistance à parler depuis l’effondrement du monde, religieux, culturel, et à nous interroger sur le devenir entre nous de l’amour et de l’expression du droit et de la justice.
Assiégé dans sa ville d’Hippone, Augustin meurt de faim le 28 août de l’an 430. Ganséric poursuit sa marche et finit par prendre Carthage en 439. C’est la première fois que la ville échappe au contrôle romain depuis la fin des guerres puniques. Déjà Rome n’a plus que l’ombre de sa gloire passée quand Odoacre met fin au règne du jeune Romulus en 476.
Un bilan
Ce texte se voulait être un bilan et une projection dans l’avenir, mais l’année qui se termine a été difficile. Il faut en gratter les miettes pour trouver de l’espoir. Je pourrais commencer par tout ce qui va mal. L’année qui vient s’annonce ardue avec au moins 64 élections annoncées à travers le monde, alors que le vent qui souffle n’a rien de bon.
Aux États-Unis, il est encore difficile de savoir si les entraves judiciaires ou le vote auront raison de Donald Trump. Peut-être finira-t-il 2024 en prison, mais le trumpisme, lui, survivra. Le mépris généralisé de la démocratie gagne en puissance, tandis qu’ailleurs la guerre étend son empire.
Nous avions entamé 2023 dans le bourbier ukrainien, nous y voilà toujours. Notre allié israélien massacre les civils en inscrivant notre nom sur chacune des bombes qui tombent sur Gaza. Tout ça va mal se finir. Plus nous le constatons, plus notre impuissance est évidente. Nous voilà revenus en 1914. Où est la démocratie quand les décisions, prises au-dessus, échappent aux peuples ? Qui a voté pour ça ?
Espoir
Mais le Père Duchesne n’est pas là pour jouer les professeurs de désespoir. Tout va mal, nous le savons. Ce n’est pas nouveau, même si c’est un peu pire. Au moins la COP28 a donné un accord pour la sortie des énergies fossiles. Trop peu trop tard, vous diront les dépressifs, mais c’est déjà un accord de sortie.
Simone Weil écrira dans ses Cahiers que loin de nous rapprocher de notre humanité, ce que l’on appellera l’incarnation nous en éloigne : “L’incarnation ne rapproche pas Dieu de nous. Elle augmente la distance.” Parce que le Dieu “fait humanité” prend en charge ce que nous abandonnons de notre propre humanité. Pour fraterniser avec ce que nous négligeons ou refusons de nous-mêmes.
Au fond le personnage de Jésus, c’est Dieu qui nous dit “vous vous y prenez mal, je serais un meilleur humain que vous”, mais le divin est par essence inhumain.
L’humanité ne serait pas ce qu’elle est si elle ne se plantait pas si souvent. Nos échecs font aussi partie de ce que nous sommes. Tout est pourtant là pour détruire l’imperfection. Vous n’avez qu’à allumer TikTok ou YouTube pour qu’on vous inonde de discours de motivation personnelle : il faut gagner un salaire à six chiffres, se lever à cinq heures, se plonger dans des bains de glace, investir dans l’immobilier et les fonds indiciels, éviter les plastiques, compter ses macronutriments…
On demande à l’art d’épouser cette perfection : d’avoir un message clair, une “représentativité” irréprochable mais, comme tout ce qui est humain, il n’est vraiment beau que dans ses ratages. L’art a toujours été un moyen de rater mieux, et j’ai envie de vous souhaiter de prendre le temps d’apprivoiser ses failles pour 2024.
L’intelligence artificielle, qui menace de nous remplacer, ne réussira jamais qu’à atteindre la perfection, à écrire les textes les plus clairs et les plus directs qui soient, à reproduire les images les plus désirables, des “contenus” irréprochables. Les machines ont déjà entamé ce travail. Les coutures de nos vêtements sont droites et sans âme, les objets que nous utilisons viennent tous du même moule de plastique.
Pareillement, nos cerveaux se branchent aujourd’hui sur une gigantesque toile algorithmique qui cherche à faire correspondre parfaitement notre pensée au mode de production qui est le nôtre, à faire de nos esprits des extensions d’un système de fabrication et d’expédition de marchandises à échelle globale. Nous en devenons malades, incapables de nous arrêter, de nous concentrer, de voir ce qu’il y a autour de nous.
La voie de la résistance est pourtant évidente. Nous avons en nous le pouvoir de nous arrêter, de lire un ouvrage difficile, de réparer quelque chose, de lâcher Spotify et ses algorithmes pour mettre un disque et l’écouter au complet, de chanter mal ou trop fort, d’apprendre le nom latin des plantes, de porter des vêtements qui veulent dire quelque chose, d’arrêter de manger ce qui n’a pas de sens, d’être là pour ceux qui sont autour de nous.
Bien sûr, être humain c’est se rater, être imparfait, se faire mal, faire mal, se tromper, mais être humain c’est aussi résister dans un monde de machines, un monde qui voudrait plus que tout nous écraser. Ce combat n’est pas nouveau, l’humain a toujours été trop imparfait pour les ambitieux. Quand bien même le monde s’effondrerait, il s’effondre déjà depuis des millénaires. Je nous souhaite à tous de résister.
Très fort! Bonne année ti père!