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Avatar de Simon Leduc

Salut,

Je suis ton blog depuis quelques temps et, comme pour une ligne ouverte, je tiens à te remercier pour ton bon programme.

Le rapport que tu décris à la musique est assez similaire au mien. C'est quand même comique de constater à quel point j'ai pu être longtemps convaincu d'avoir un regard original sur le monde alors que je ne suis, en bonne partie, qu'un produit de mon époque (et de ma classe, genre, etc.). J'ai gravité autour du punk rock à partir de 14-15 ans, âge où j'ai acheté ma première guit et où j'ai parti mon premier band. Les compils de Fat Wreck ont participé à mon identité, je suis devenu végétarien après avoir vu Propagandhi (qui, contrairement à ce que tu avances, conserves sa pertinence pour moi) au Spectrum, j'ai passé un nombre incalculable de fins de semaines au Underworld pour voir des shows, découvrir des fanzines et faire mon éducation politique avec des Food not Bombs et autres patentes. C'est cette culture qui m'a amené à porter un masque à gaz à Québec en 2001, me confronter au code Morin dans des assemblées étudiantes puis syndicales, manger des coups, en donner, faire des trucs le fun, d'autres moins glorieux.

J'ai aussi eu un regard méprisant sur la culture hip hop. Drôle de voir que mon plus jeune de 13 ans, en pleine découverte musico-identitaire, ne jure que par le sampling. Grâce à lui, j'apprends tout un pan d'une histoire qui s'est joué dans mon dos. C'est souvent magique, mais ça me permet auss de voir à quel point j'ai pu être bête souvent.

Tout ça pour dire que je suis très sensible à ton propos quand tu présentes le 11 septembre comme un moment de bascule. Vrai que toute une culture de la contestation s'est perdue dans les mois qui ont suivi. Vrai aussi qu'une majorité de jeunes ont opté pour une musique plus RnB, Hip Hop ou juste pop. Dans le mouvement, la lutte des classes s'est diluée au profit des combats qu'on connait aujourd'hui (identités, racisme, sexisme - c'était des thématiques qu'on voyait dans le punk à roulette aussi, cela dit).

Je me perds un peu dans mes phrases, mais je voulais en venir à l'idée que dans le passage du rock au beatmaking, c'est la manière de produire la musique qui s'est complètement transformée. J'ai appris à jouer avec des amis. Du bruit de sous-sol qui condamnait ma maison au complet. Aujourd'hui, mon fils fait des beats tout seul avec son ordi. Il apprend plein de trucs sur youtube, des affaires fascinantes, mais il fait essentiellement ça seul, dans une maison qui garde son rythme normal, parce que le bruit est contrôlé, souvent gardé dans la confidentialité d'un casque d'écoute. Ça me fait penser à Maurice Halbwachs pour qui la mémoire est collective et qui raconte que Beethoven est plus lié que jamais à la communauté quand il est rendu sourd, parce que sa mémoire musicale le rattache aux gens qui lui ont appris. C'est beau quand Halbwachs le dit, mais je me questionne sur le type de rapport au collectif que développent mes enfants quand ils traversent tant d'étapes fondamentales de leur vie en ligne (là aussi, je ressemble aux gens de mon milieu).

Je retourne à mes affaires, je dois justement jouer de la musique avec un ami dans son garage.

Bonne journée!

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Avatar de Karine

Sexy!

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