2025 commence en grande pompe!
Grand enthousiasme du Père Duchesne pour l’année qui commence
Elle sera belle, la nouvelle année! En tout cas, elle démarre sur les chapeaux de roues avec la mort et la descente aux enfers du tortionnaire Jean-Marie Le Pen. Un peu partout, en France, la foule en liesse chantait et dansait. C’était beau, c’était merveilleux! Avec un peu de chance, on aurait vu la foule continuer jusqu’à l’Élysée, jusqu’à Washington! Les bonnes nouvelles ne sont pas légion, il faut les prendre quand elles passent.
Je voulais vous écrire plus tôt, mais j’ai été pris dans le dédale des corrections de fin de session. Pendant ce temps, Elon Musk est devenu une sorte de gourou des extrêmes droites mondiales, Pierre Poilièvre a donné une longue entrevue à Jordan Peterson, Donald Trump a menacé d’envahir la colonie et Justin Trudeau a démissionné…
Je vais sans doute recevoir 492 messages de haine, mais je dois dire que j’ai été un peu triste de voir Trudeau partir. Le Père Duchesne n’a jamais été une infolettre libérale, peu s’en faut, mais je vous gage un lynx et trois castors que vous repenserez bientôt au bon vieux Trudeau avec nostalgie. Ce grand simplet au cœur tendre aura été le meilleur Premier Ministre à avoir servi le Dominion de Sa Majesté. Vous me direz que la barre n’était pas haute — et vous aurez raison — mais, dans la succession d’orangistes alcooliques, de voleurs sans talent, d’intelligences médiocres, de petites frappes de collège privé, d’avocats semi-paralytiques et de grands bourgeois débonnaires à avoir tenu les rênes de cette stupide fédération, Trudeau reste le moins pire bougre (mention spéciale, tout de même, à Wilfrid Laurier).
Je ne sais pas si nous pourrons en dire autant de Pierre Poilièvre, que d’aucuns sacrent déjà vice-Roi de cette terre qui touche à trois océans. Il était d’ailleurs bien fier, l’Albertain, à fanfaronner pendant 1h41 sur le plateau du tribun Jordan Peterson, autre enfant prodigue de la patrie canadienne. Si vous avez une heure quarante de votre vie à tuer à cause de la grippe qui, dit-on, est bien mauvaise cette année, je vous invite à regarder ce numéro en belle langue anglaise pour vous rendre plus inhospitaliers aux virus. Ce beau brun des Prairies nous montre son vrai visage. Plus près de Javier Milei que de Donald Trump, le programme Poilièvre comprend coupes draconiennes, baisses d’impôts et vannes ouvertes pour le pétrole : tant pis pour la planète, tant pis pour les citoyens, c’est l’Économie qu’on sauve dans une grande braderie générale! Une colonie pour Dieu, Suncor et les Irving. Comme si ce projet n’était pas déjà suffisamment dystopique, vers 43 minutes, vous verrez, par exemple, surgir un message de PreBorn, une association qui promet de fournir assistance aux femmes pour qu’elles refusent d’avorter. Ça vous donne l’ambiance… La liberté pour le gaz de schiste, la prison pour les utérus.
Chez nos voisins du Sud, heureusement, tout est absolument normal. Pendant que le mouvement MAGA s’entredéchirait sur la question des visas H-1B en laissant déferler un flot de racisme anti-Indiens, le futur Président s’amusait à redessiner l’Empire en y ajoutant Panama, le Groenland, le Mexique et le Canada. Rien à signaler! Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive. La dernière guerre entre le Canada et les États-Unis s’était d’ailleurs soldée par un match nul qui avait permis l’invention de l’hymne national américain et des chocolats Laura Secord.
Au Royaume-Uni, les Britanniques nous ont donné un joyeux spectacle avec l’histoire des “grooming gangs”, sorte de mélange entre des faits réels et une psychose collective, qui risque de se terminer un jour en pogrom anti-Pakistanais. Elon Musk en a d’ailleurs profité pour féliciter chaleureusement les initiateurs de ce mouvement de justice sociale. Le milliardaire, qui commence de plus en plus à ressembler à un Empereur romain des mauvaises années, semble devenu le majorette des extrêmes droites internationales, donnant son appui tantôt à l’AfD, tantôt à Pierre Poilièvre.
Tandis que les nouvelles sont à l’horreur fixe à Gaza, l’humaniste Joe Biden signait un nouveau package de 8 milliards pour continuer de financer le lissage de la région. En Ukraine, les Russes continuaient de gagner du terrain face à une armée ukrainienne à bout de ressources. Au Soudan, on parle à nouveau de génocide… Pour nous égayer, des images du Nouvel An en Chine circulaient qui montraient un essaim de drones en forme de dragon tournoyant dans le ciel de Pékin. On remercie chaleureusement le Parti Communiste Chinois pour cette belle prestation qui promet de remplacer à l’avenir les feux d’artifices tout en nous rappelant que la prochaine guerre risque de se piloter sur votre Nintendo Switch. Je ne sais pas si les demandes spéciales sont déjà ouvertes mais, si j’ai à mourir tué par un essaim de drones, je demanderais, si possible, à ce qu’ils prennent la forme d’une gigantesque Hannah Arendt. Les géants de la tech semblent d’ailleurs nous promettre un avenir radieux. Pour l’année nouvelle, le grand gourou d’OpenAI, Sam Altman, nous promet que les premiers “agents IA” devraient pouvoir remplacer des employés dès 2025. Le même Altman nous annonçait travailler à l’avènement prochaine d’une “super intelligence”, ce qui ne devrait pas nous réjouir dans un monde qui manque déjà cruellement de simple intelligence.
Au New Jersey, d’honnêtes citoyens se sont donnés le mot pour filmer tous les ballons météo, avions, cordes à linge, antennes, hélicoptères et drones qu’ils voyaient pour ensuite demander au gouvernement américain de rendre des comptes quant à ces “mystérieuses apparitions”. Remarquez, les extra-terrestres débarqueraient que ça ne nous surprendrait même plus. Il y a comme une ambiance de fin d’Empire, et on s’imagine bien en Aztèques qui voient débarquer une sorte de Cortez des étoiles pendant que, sur X et TikTok, on enchaine les sacrifices humains. Ajoutez-y la grippe aviaire pour remplacer la variole, et vous aurez l’apocalypse en mode méso-américaine pour 2025.
Tout ça, chers camarades, ne devrait cependant pas nous décourager. Ce n’est pas parce que la démocratie est en ruines, que la guerre fait tonner ses tambours au loin et que les courants océaniques menacent de s’effondrer pendant que la Californie brûle qu’il faut pour autant se plomber le moral. Je sais que les lecteurs du Père Duchesne sont de grands optimistes et qu’ils croient, tout comme son auteur, à la suite du monde. La connerie finit toujours par s’annuler d’elle-même. Cette fois ne fera pas exception à la règle, mais je ne vous cacherai pas qu’on risque d’en baver quand même un peu d’ici-là.
Le Père Duchesne circule grâce à vous. Vous pouvez toujours m’écrire directement en répondant à cette infolettre.